Mes bonnes et mauvaises humeurs

29 mars 2015

Il n'est pas nécessaire de présenter notre concitoyen seynois de renom, Boris Cyrulnik, psychiatre, psychanalyste, éthologue et auteur de nombreux ouvrages, très connu pour avoir vulgarisé le concept de "résilience". En prenant part, dans la perspective des élections départementales, à l'appel républicain pour La Seyne, Boris Cyrulnik nous a communiqué un message que je livre aux visiteurs de mon blog... et qui ne mérite aucun commentaire...


"J'ai connu des régimes totalitaires, pendant et après la Seconde Guerre mondiale. On sait maintenant comment ils se préparent : il faut d'abord désigner des boucs émissaires de façon à orienter l'agression contre les étrangers et les parasites sociaux en affirmant que le gouvernement précédent les a laissés s'installer. Quand l'émotion est ainsi provoquée, les foules subjuguées sont faciles à manipuler.

"Les discours totalitaires agissent sur les sentiments bien plus que sur la raison. Ils ne tiennent pas compte de la réalité qui est toujours plus nuancée et difficile d'accès.

"A l'opposé, les débats démocratiques donnent la parole à plusieurs conceptions du monde. Ils sont plus laborieux, ils exigent des échanges et parfois des compromis, mais ils évitent les dictatures et les radicalisations sociales.

"Je ne pensais pas qu'un jour, j'entendrais à nouveau des discours totalitaires qui renaissent dans le monde et en France.

"Il est plus que jamais nécessaire de prendre position pour défendre nos valeurs républicaines."


Boris Cyrulnik - 24 mars 2015


22 janvier 2014
Hier soir j'ai vécu un vrai moment de poésie en allant voir le spectacle de François Morel au théâtre. Ne le ratez pas s'il passe près de chez vous ou écoutez ses chroniques le vendredi matin sur France Inter à 8h55. Ce mec, c'est que du bonheur!



Je veux commencer cette année nouvelle par un texte merveilleux reçu sur ma boîte-mail:

A l'aube de cette année 2014, je vous souhaite beaucoup de bonheur.

Une fois dit ça, qu'ai-je dit? Que souhaitais-je vraiment ?
Je m'explique : je nous souhaite d'abord une fuite périlleuse, et ensuite un immense chantier. D'abord fuir la peste. La peste de cette tristesse gluante, que par tombereaux entiers, tous les jours, on déverse sur nous. Cette vase venimeuse, faite de haine de soi, de haine de l'autre, de méfiance de tout le monde, de ressentiment passif et contagieux, d'amertume stérile, de hargne persécutoire. Fuir l'incrédulité ricanante, enflée de sa propre importance. Fuir les triomphants prophètes de l'échec inévitable. Fuir les pleureurs et les vestales d'un passé avorté à jamais et barrant tout futur.

Une fois réussie cette difficile évasion, je nous souhaite un chantier. Un chantier colossal. Pharaonique, himalayesque, inouï, surhumain, parce que justement totalement humain. Le chantier des chantiers. Ce chantier sur la palissade duquel, dès les élections passées, nos élus s'empressent d'apposer l'écriteau : Chantier interdit au public . Je crois que j'ose parler de la démocratie. Etre consulté de temps à autre ne suffit plus. Plus du tout. Déclarons-nous tous responsables de tout. Entrons sur ce chantier. Pas besoin de violence, de cris, de rage. Pas besoin d'hostilité, juste besoin de confiance. De regard. D'écoute. De constance. L'Etat en l'occurrence, c'est nous. 

Ouvrons des laboratoires, ou rejoignons ceux, innombrables déjà, où à tant de questions et de problèmes, des femmes et des hommes trouvent des réponses, imaginent et proposent des solutions qui ne demandent qu'à être expérimentées et mises en pratique, avec audace et prudence. Avec confiance et exigence. Ajoutons partout, à celles qui existent déjà, des petites zones libres. Oui, de ces petits exemples courageux qui incitent au courage créatif. Expérimentons nous-mêmes, expérimentons humblement, joyeusement, et sans arrogance. Que l'échec soit notre professeur, pas notre censeur. Cent fois sur le métier remettons notre ouvrage. Scrutons nos éprouvettes minuscules ou nos alambics énormes, afin de progresser concrètement dans notre recherche d'une meilleure société humaine. Car c'est du minuscule au cosmique que ce travail nous entraînera. Et entraîne déjà ceux qui s'y confrontent. Comme les poètes qui savent qu'il faut tantôt écrire une ode à la tomate ou à la soupe de congres, tantôt écrire les "Châtiments". Sauver une herbe médicinale en Amazonie et garantir aux femmes la liberté, l'égalité, la vie souvent.
Et surtout, surtout : disons à nos enfants qu'ils arrivent sur Terre quasiment au début d'une histoire et non pas à sa fin désenchantée. Ils en sont encore aux tout premiers chapitres d'une longue et fabuleuse épopée, dont ils seront, non pas les rouages muets, mais au contraire les inévitables auteurs. Il faut qu'ils sachent, que, ô merveille, ils ont une œuvre faite de mille œuvres, à accomplir ensemble avec leurs enfants, et les enfants de leurs enfants. Disons-le haut et fort, car beaucoup d'entre eux ont entendu le contraire et je crois, moi que cela les désespère. Quel plus riche héritage pouvons-nous léguer à nos enfants que la joie de savoir que la genèse n'est pas encore terminée, et qu'elle leur appartient ?

Ariane Mnouchkine,

Metteure en scène, fondatrice du Théâtre du Soleil



Jeudi 8 janvier 2015
J'aurais aimé vous souhaiter à tous une bonne année 2015 mais le coeur n'y est pas.







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